Province de Bitlis (1908-1915)
sedat ulugana
La ville de Bitlis, appelé également Emirat de Bitlis, comprend entre 1908 -1915 l’Emirat de Hizan, Emirat de Hazo, Emirat de Zirki, Emirat de Şirvan, Emirat de Genç et Emirat de Karni.1 Dans cette ville, les Kurdes sunnites et Arméniens sont majoritaires et les Ezidis et Kurdes Alévis constituent les minorités. La création de cette ville possédant une riche héritage culturelle et politique est en vérite un projet de centralisation. Grâce à l’héritage culturelle et politique qu’elle comprend, la ville a devenu un centre important de la politique du Kurdistan. Elle est connue à l’international, bien entendu par le biais de la question arménienne. Parce qu’elle comprend les régions les plus peuplées d’Arméniens, telles que la plaine de Muş, le plateau de Çukur et les montagnes de Sason.
Après la révolution de Jeunes Turcs en 1908, les eşrafs, les beys Turcs et les Arméniens riches de la ville établissent un pacte par le biais d’unionisme et le Fédération révolutionnaire arménienne. Ce pacte que l’on peut nommer « le pacte entre le boucher et le victime », est fait contre les Cavaliers Légers de Hamidiye. Plus tard, l’égalité des non musulmans et des musulmans, l’attitude laïc le CUP, la restitution des champs confisqués des Arméniens et la punition des responsables des pogroms, a entrainé un regroupement entre les Kurdes de Cavaliers Légers de Hamidiye,5 les kurdes Halidi, les Chefs des tribus et les Beys. Ce regroupement offre les bonnes conditions à la Société kurde d’Union et de Solidarité pour étendre son champ d’activité. Ainsi la ville de Bitlis devient le vilayet où cette société est effectivement forte, voire plus que Comité d’Union et de Progrès (CUP). Cette situation inquiète ce comité. Alors il décide de cesser son alliance avec les Arméniens et réussit à obtenir des alliances avec les Eşrafs, les chefs des tribus et en particulier avec les cheikhs de Norşin. Ainsi le CUP empêche pendant les élections de 1912, la présence de Bahri et Hüseyin Bedirhani, les candidats kurdes de la Société kurde d’Union et de Solidarité (SKUS) de Bitlis alors qu’ils sont élus. De cette manière les voies démocratiques de la politique ont été fermé et, par conséquent, les Kurdes s’organisent pour la résistance armée, connue dans l’histoire comme « la révolte de Bitlis ». Ce soulèvement qui est organisé par les religieux Halidis de Hizan, était en effet la première phase d’une révolte planifiée par la SKUS prévue pour tout le Kurdistan. Mais cette première phase de la révolte est réprimée dans le sang. Dans la période que nous traitons la révolte de Bitlis en 1913 constitue l’un des événements importants. Elle n’était pas du tout contre les Arméniens, voire ils y sont protégés. Cette révolte constituera une grande partie de notre thèse, soit par ses belligérants, soit par sa narration.
En 1914 ce vilayet, qui deviendra bientôt le champ d’action de IIIe armée, s’est préparé à une guerre contre la Russie. Les Cavaliers des Tribus sont réorganisés. Les « mesures » sont pris
contre les Arméniens. Un pacte est établi avec les cadres de la SKUS.6 La laïcité est renoncée.
Finalement un discours religieux s’est développé. Bientôt la guerre s’est développé en faveur des Russes. Les renforts sont demandés aux tribus kurdes par l’Empire ottoman. Les groupes milices sont organisées des Kurdes alévis et Ezidis. Mais ces forces ne suffisent pas et des détachements composés des bachibouzouks de sofu-fakih sont organisés par les hommes religieux de Halidi. Brièvement une alliance s’est développée entre les groupes, hormis les Arméniens, contre la Russie et une révolte arménienne éventuelle. Les Arméniens du vilayet ont été massacrés par l’armée, par les milices, par les cavaliers légers, selon les ordres reçus de la Capital et remis aux responsables par les cadres de CUP de la ville. C’est-à-dire les bouchers ont commencé à égorger ses victimes. Le massacre arménien de la pleine de Muş est organisé par Hoca İlyas Sami, Hacı Musa Bey, Hesenanlı Rıza et les Cheiks Norşin. En fin de 1915, la totalité de la population arménienne était massacrée. Plus tard suite à la guerre russo-turque, la ville de Bitlis est tombée et occupée par des Russes. Après cette occupation, les responsables des massacres des arméniens de la ville se sont immigrés vers la ville de Diyarbekir. Parce qu’ils avaient peur d’être massacré par les Arméniens qui sont dans les rangs de l’armée russe. Surtout la population musulmane de la ville avait immigré et ils se sont réfugiés à Diyarbakır. La deuxième monarchie constitutionnelle qui a duré entre 1908-1915 avait le but en apparence de réconcilier les Musulmans et les Non-musulmans. Mais en vérité elle avait le but de « créer une nation dans le cadre des idées touranistes à travers la pensée de Goltz ». Pour conclure, cette période est catastrophe, c’est-à-dire la « solution final » pour les Arméniens. Pour les Kurdes cette période constitue le début et l’institution de la nationalisme kurde. Ainsi la ville est touchée directement ou indirectement par les soulèvements kurdes suivants : 1916 Bişarê Çeto, en 1921 Cemilê Çeto, en 1925 Azadi (Cheikh Sait), en 1927 Mutki, en 1930 Ağrı, en 1930 Zilan, en 1930 Oramar, en 1931 Seyithan-Alican, en 1935 Sason. Les organisateurs de ces soulèvements sont les cadres nationalistes et féodaux comme Kemal Fewzi, Müküslü Hamza, Yusuf Ziya, Cibranlı Halit Bey, Hizan şeyhleri, Hesenanlı Rıza ,İhsan Nuri, La plupart d’eux ont des demandes nationales et feudaux.
EHESS/PARİS
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