Auteur: Sheerin Ardalan
Éditeur: Geuthner
Date & Lieu: 2004, Paris
Pages: 226
Depuis plus d’un siècle, les études sur les Kurdes et le Kurdistan sont l’objet de recherches et de controverses portant surtout sur leur apparition dans l'Histoire, leurs origines ethno-linguistiques, les diversités de leur culture intellectuelle et matérielle (langues, littératures, économie, religion etc). Mais c’est surtout la montée du nationalisme kurde et le “problème” des Kurdes et du Kurdistan qui, depuis des décennies, occupe le devant de la scène. L’étude de l'histoire des Kurdes et de leurs principautés, jusqu’au XIXe siècle, objet de travaux de pionniers tels que Vladimir Minorsky et Basile Nikitine, a donc été trop souvent reléguée au second plan par les chercheurs qui y trouveraient, pourtant, l’origine et l’explication de nombre de questions actuelles. C’est avec beaucoup de courage que Madame Sheerin Ardalan a entrepris et poursuivi ses recherches sur l'histoire des Kurdes, et plus particulièrement sur la famille dynastique des Ardalân, dans un contexte personnel très difficile.
Le travail ici présenté constitue l'aboutissement de ces recherches mises en forme pour une thèse qui, malheureusement, n’a pu être soutenue. A travers les vicissitudes des conflits entre la Perse et l’Empire ottoman, la principauté des Ardalân, bien qu’amputée de sa partie en territoire ottoman, parvint à se maintenir jusqu’en 1867. La profonde connaissance de la culture kurde de Madame Ardalan transparaît dans cet ouvrage particulièrement novateur, surtout à propos de la carrière de Khosrow II le Grand, un oublié de l’Histoire, éclipsé par son célèbre cousin Karim Khân Zand et par la montée en puissance des Qâjâr qui mettront un terme à la dynastie des princes Ardalân. L’analyse historique est parcourue de références aux aspirations sprituelles de ces princes, parfois considérés comme de saints personnages. Cette force spirituelle les soutint dans leur résistance aux appétits de puissance des Ottomans et des souverains de la Perse et leur permit de sauvegarder l’essentiel de leurs valeurs culturelles jusqu’à la fin du XIXème siècle.
Descendante en ligne directe des derniers vâli régnants, Sheerin Ardalan (1955-2002) a très tôt entrepris de recenser et rassembler documents, récits et témoignages ayant trait à l’histoire de sa famille. Le présent ouvrage résulte d’un travail de synthèse commencé en 1995 et qui a trouvé son aboutissement dans le cadre de l’Ecole Pratique des Hautes études (Paris), sous l’autorité du professeur Jean Calmard. Sheerin Ardalan était ingénieur en physique nucléaire, diplômée de l’Ecole Polytechnique de Lausanne, et détenteur d’une Maîtrise (M.S.) en Recherche Opérationnelle de l’Université de Columbia (New York).
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