Psychologie des Peuples
1962, I7me Année - N° I
Les Kurdes
Paul Gache
Université de Caen
Az Kourmândj-em ou bien Myn Kourdym : je suis Kurde ! Voici longtemps que les habitants du complexe montagneux situé entre le plateau iranien, l’Ararat et le Taurus, se lèvent avec fierté pour prononcer cette déclaration à quiconque leur demande qui ils sont. L’ère kurde, actuellement en sa 2.574ms année, ne commence-t-elle pas en 612 avant J.-C., date de la prise de Ninive par les Mèdes ?
La zone d’habitat kurde : le Kurdistan.
Le nom de Kurdistan — pays des Kurdes — n’est pas celui d’un état ou d’une formation politique, même provinciale, déterminée. Il n’apparaît comme tel qu’au XIIe siècle, moment où le dernier des grands Seldjoucides, Sandjar, créa une province ainsi nommée, résultat administratif, en quelque sorte, de l’action brillante de maintes dynasties kurdes dans leurs zones d’activité régionales ou locales : Chaddadites, Merouanides, Salarides, Hassanwaihides. Banou Annaz, Atabeks du petit Louristan — et surtout du respect acquis par la grande dynastie kurde des Eyoubites et son fondateur, le plus célèbre des Kurdes, Saladin (1169), puissant du lac de Van à la haute Egypte.
Le Kurdistan formé par Sandjar avait pour capitale Bahâr, près d’Hamadan, et comprenait les .[1]