Penser l'engagement et la violence des combattantes kurdes: des femmes en armes au sein d'ordres partisans singuliers.
In Caroline Guibet-Lafaye et Alexandra Frénod (dir.), S’émanciper par les armes ? Sur la violence politique des femmes, Paris, Presses de l’INALCO, 2019, p. 177-197.
Olivier GROJEAN
Paris 1 Panthéon-Sorbonne, CESSP/CNRS.
Penser l'engagement et la violence des combattantes kurdes : les femmes en armes dans des ordres partisans singuliers Résumé : Les combattantes kurdes ont été très médiatisées ces dernières années. Ces représentations médiatiques correspondent-elles néanmoins à la réalité des rapports de genre au sein des différentes organisations du mouvement kurde ? Comment penser l'engagement de ces femmes et la façon dont elles sont intégrées dans les unités combattantes ? Est-il enfin possible d'en parler en termes d'émancipation dans et par la violence ? Répondre à ces questions nécessite une historicisation du phénomène afin de mettre en évidence le rôle des organisations (de Turquie, d'Iran, d'Irak et de Syrie) dans la promotion d'un modèle singulier d'engagement féminin (et masculin) et de rendre compte de la complexité des les rapports de force dans lesquels les femmes combattantes sont placées aujourd'hui. Il faut aussi distinguer « l'engagement dans une organisation violente » et « l'engagement dans la violence » : si le premier correspond à un processus individuel et micro-sociologique, le second est avant tout une fonction de l'organisation et ne peut être analysé qu'au niveau échelle méso-sociologique. [1]